Trente ans après le massacre de la place Tiananmen, alors que la République Populaire de Chine célèbre son 70ème anniversaire, les habitants de Hong Kong se révoltent pour sauver l’Etat de droit. Cette ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997 bénéficie en effet d’un statut original : bien qu’intégré à l’Etat chinois, Hong Kong jouit d’une grande autonomie et dispose d’une constitution garantissant les libertés démocratiques et la séparation des pouvoirs. La fameuse formule « Un Etat, deux systèmes » n’avait jamais été remise en question jusqu’à présent.
La révolte a éclaté en mars 2019 lorsque le gouvernement de Carrie Lam a présenté un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine. Depuis le printemps, des manifestations géantes réunissent plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues de Hong Kong. Il s’agit d’une révolte pacifique, transpartisane et porteuse de revendications démocratiques. Mais la seule réponse apportée par les autorités hongkongaises est la répression.
La révolte actuelle apparaît comme le produit de trois facteurs. Premier facteur : l’irresponsabilité du gouvernement de Carrie Lam, qui a remis en cause le statut de Hong Kong. Deuxième facteur : les ambitions du président chinois. Xi Jinping rêve de mater la révolte et d’imposer l’ordre chinois sur Hong Kong. Sa stratégie consiste à « laisser pourrir » la situation, en pariant sur l’incapacité du gouvernement hongkongais à rétablir l’ordre : tôt au tard, une intervention directe de Pékin sera nécessaire pour mettre un terme à la révolte. Troisième facteur : l’indifférence des Etats-Unis. Donald Trump se fiche éperdument de ce qui se passe à Hong Kong et privilégie une politique d’apaisement à l’égard de la Chine. La démocratie, c’est important, mais pas autant que les intérêts économiques américains.
Et l’Union européenne, que fait-elle ? Des manifestations de soutien aux Hongkongais ont été organisées dans plusieurs villes européennes mais les gouvernements de l’UE restent étonnamment silencieux, à l’exception du gouvernement britannique. L’enjeu dépasse pourtant très largement le seul territoire hongkongais : ce qui se joue à Hong Kong, c’est l’avenir même de la démocratie en Asie et, plus globalement, dans le monde. Car la Chine de Xi Jinping cherche à se présenter comme une alternative au modèle occidental de la démocratie libérale. Nous autres Européens, sommes-nous encore capables de défendre les libertés démocratiques ? Aurons-nous l’audace de tenir tête au gouvernement chinois et d’afficher clairement notre soutien aux manifestants hongkongais ?