Faut-il reconnaître un « génocide vendéen »?

Vitrail des Lucs-sur-Boulogne.

La guerre de Vendée fut certainement l’épisode le plus tragique de la Révolution Française. Cette guerre civile extrêmement violente opposa les troupes républicaines aux insurgés vendéens de 1793 à 1796, mais les pires crimes furent commis entre mars 1793 et le printemps 1794, pendant la Terreur.

Rappelons brièvement les faits. Les causes de l’insurrection vendéenne sont multiples. La Constitution civile du clergé, adoptée en 1790, a été très mal reçue par les populations de l’Ouest: de nombreux prêtres ont refusé de prêter serment (ce sont les fameux « prêtres réfractaires ») et ont alimenté un profond sentiment antirévolutionnaire au sein de leur paroisse. En outre, les populations de l’Ouest ont vécu l’exécution de Louis XVI en janvier 1793 comme un traumatisme. Mais l’événement déclencheur de la révolte vendéenne fut la levée en masse, décidée par la Convention en février 1793 pour défendre la jeune République face aux monarchies européennes coalisées: dans l’Ouest de la France, des milliers de paysans refusèrent d’être enrôlés dans l’armée révolutionnaire et d’être envoyés loin de leur village. C’est dans ce contexte que se forma l’Armée Catholique et Royale, composée de Vendéens révoltés, et dirigée par des aristocrates locaux. L’insurrection vendéenne fut lourdement réprimée par les troupes républicaines. L’Armée Catholique et Royale fut écrasée en décembre 1793, et pendant les mois suivants, les fameuses « colonnes infernales » du général Turreau sillonnèrent la Vendée en liquidant les dernières poches de résistance. D’après les estimations des historiens, la guerre de Vendée aurait fait près de 170.000 morts du côté vendéen, contre 70.000 morts dans les rangs républicains (ces chiffres sont ceux du Centre vendéen de recherches historiques, et ne sont guère contestés). Plusieurs épisodes particulièrement atroces ont marqué les mémoires: ainsi, à Nantes, plusieurs milliers de personnes (principalement des prisonniers militaires, mais aussi des femmes, des enfants et des prêtres) furent noyés dans la Loire par les troupes républicaines, sur ordre de Carrier, à la fin de l’année 1793 et au début de 1794.

Plus de deux siècles après la guerre de Vendée, les blessures ne sont pas encore refermées. Depuis 30 ans, l’historien nantais Reynald Secher, auteur d’une thèse sur la guerre de Vendée, essaie de prouver qu’il y a eu un « génocide vendéen ». Des responsables politiques et des associations militent pour la reconnaissance de ce prétendu génocide, et Reynald Secher parle même de « mémoricide » car, selon lui, l’Etat aurait toujours occulté le génocide vendéen, de façon à ce que cet épisode soit rayé de la mémoire nationale. Au Parlement, la question du « génocide vendéen » resurgit régulièrement: ainsi, en janvier 2013, le député UMP Lionnel Luca a déposé une proposition de loi pour la « reconnaissance du génocide vendéen ».

Pourtant, la grande majorité des historiens spécialistes de la Révolution et de la guerre de Vendée ont récusé l’idée d’un « génocide vendéen ». En effet, la pacification de la Vendée, si violente qu’elle fût, ne peut pas être qualifiée de génocide. Dans le droit international, le terme « génocide » est utilisé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pour désigner toute tentative d’extermination d’un « groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Or, dans l’état actuel de nos connaissances, rien ne permet d’affirmer l’existence d’un projet d’extermination du « peuple vendéen » pendant la Révolution. Plusieurs points importants doivent ici être rappelés.

1° Le « peuple vendéen » n’existe pas en 1793. Le génocide implique l’intention d’éliminer un peuple pour la seule raison que ce peuple existe. Or, au début de la Révolution, le « peuple vendéen » n’existe pas: il s’agit d’une construction a posteriori. Comme l’a écrit l’historien Jean-Clément Martin, il n’existe aucune « entité vendéenne » préexistant à la guerre de Vendée. Sous l’Ancien Régime, le nom « Vendée » était uniquement celui d’une rivière. Le département de la Vendée, qui tire son nom de cette même rivière, a été créé sous la Révolution, en 1790. L’expression « Vendée militaire » fut utilisée par le gouvernement républicain pour désigner l’ensemble des territoires qui s’étaient insurgés contre la République en 1793. Parler de « peuple vendéen » en 1793 est une absurdité, car à cette époque, le mot « Vendéens » sert simplement à désigner les habitants de la Vendée militaire. Aux yeux des autorités républicaines de 1793, les Vendéens ne sont pas identifiés comme un groupe ethnique ou religieux particulier.

2° Les insurgés vendéens ont massacré des Républicains dès le début de la révolte vendéenne. En effet, des civils républicains ont été lynchés en Vendée et dans les départements voisins dès le mois de février 1793. En mars 1793, à Machecoul et à Noirmoutier, des milliers de paysans armés de fourches et de fusils massacrèrent des gardes nationaux, des notables républicains et de simples marchands. La guerre civile vendéenne fut une véritable guérilla, dans laquelle la violence des insurgés et celle des troupes républicaines se répondaient et s’alimentaient mutuellement.

3° Les Vendéens tués pendant la guerre de Vendée n’ont pas été tués parce qu’ils étaient vendéens, mais parce qu’ils s’étaient révoltés contre la République. Dans un contexte de guerre entre la France et les monarchies voisines, les dirigeants français ont estimé que la survie de la République devait passer par l’écrasement de toutes les révoltes intérieures. D’ailleurs, d’autres révoltes ont été violemment écrasées en Bretagne, à Lyon, à Toulon, à Nice ou au Pays Basque. La violence et l’ampleur de la répression en Vendée peuvent s’expliquer par la volonté de faire un « exemple ». En outre, plusieurs sources attestent que le gouvernement a cherché à protéger les républicains vendéens et à limiter la répression aux seuls insurgés. De nombreux réfugiés vendéens ont été épargnés et secourus par les autorités républicaines. Un décret de Barère, en août 1793, stipule clairement que « les femmes, les enfants et les vieillards » doivent être emmenés loin du front, et que leur « subsistance » et leur « sûreté » doivent être garanties.

4° Le nombre de civils vendéens tués par les troupes républicaines est impossible à évaluer.  Sur les 170.000 Vendéens qui ont péri pendant la guerre de Vendée, il est impossible de savoir quelle est la part des civils et quelle est celle des combattants armés, car dans un contexte de guerre civile, et même de guérilla, la frontière entre civils et combattants est parfois très floue: des paysans armés qui massacrent des soldats républicains doivent-ils être considérés comme des civils ou comme des combattants? De plus, les Vendéens qui sont morts pendant la guerre de Vendée n’ont pas tous été abattus par les hommes de l’armée républicaine. Beaucoup de victimes sont mortes de maladies dans des prisons surpeuplées: en 1793 et 1794, toute la ville de Nantes fut touchée par une épidémie de typhus, qui se propagea à partir des prisons.

5° Les sources disponibles ne permettent pas d’affirmer que le gouvernement révolutionnaire a planifié une extermination des habitants de la Vendée. Les partisans de la thèse du « génocide vendéen » s’appuient généralement sur des extraits de lettres, de discours et de décrets qui ont été sortis de leur contexte et interprétés de façon très partiale. Ainsi, Bertrand Barère, membre du Comité de Salut Public, déclare en 1793: « Détruisez la Vendée ». Parle-t-il d’exterminer les Vendéens ou simplement d’écraser l’insurrection vendéenne en mettant toute la région à feu et à sang? A la fin de l’année 1793, plusieurs lettres du Comité de Salut Public ordonnent aux responsables militaires « d’exterminer les brigands », ou de « déblayer la République de cette race de brigands »: ces termes extrêmement violents ont été utilisés comme les preuves d’un projet d’extermination des Vendéens. Mais comme l’a souligné l’historien Jean-Clément Martin, ces termes doivent être replacés dans leur contexte. Sous l’Ancien Régime le mot « brigands » servait à stigmatiser les rebelles qui se révoltaient contre l’Etat : chaque fois qu’un soulèvement rural avait lieu, il fallait « détruire », « exterminer » ou « anéantir » les « brigands ». Ces mots ne doivent pas être pris au sens littéral et ne constituent pas les preuves d’une intention génocidaire. Quant au mot « race », il avait plusieurs sens, il pouvait servir d’insulte et ne désignait pas nécessairement un peuple particulier ni même un groupe humain bien défini. Comme l’écrit Jean-Clément Martin, pendant la Terreur, « les brigands et les rebelles sont toujours promis à la destruction, comme tous les « ennemis » de la Révolution quels qu’ils soient ». Il est vrai que des civils innocents ont été massacrés, comme à Nantes, mais ces tueries n’ont pas été planifiées par le gouvernement et apparaissent plutôt comme des débordements localisés (Carrier, le bourreau de Nantes, fut arrêté, jugé et condamné à mort en 1794). Contrairement aux idées reçues, pendant la Terreur, le pouvoir civil était un pouvoir faible. Le Comité de Salut Public, principal organe gouvernemental, était incapable de contrôler l’ensemble du territoire, et ignorait très largement ce qui se passait sur le terrain: il laissa donc aux armées des pouvoirs très étendus, et ferma les yeux sur les excès de certains généraux et de certains responsables locaux. Robespierre lui-même, souvent présenté comme le bourreau de la Vendée, semble avoir joué un rôle tout à fait limité dans la guerre de Vendée: selon l’historien Patrice Gueniffey, spécialiste de la Terreur, Robespierre serait resté en retrait et aurait laissé faire les militaires.

A la lumière des sources disponibles, il est clair que les troupes républicaines ont commis des crimes de guerre en Vendée: elles ont massacré en masse les insurgés vendéens, maltraité des civils innocents, entassé des prisonniers dans des geôles insalubres. Nous savons également qu’en 1794, des opérations de représailles particulièrement violentes ont été menées par les colonnes républicaines contre les Vendéens. Mais ces crimes ne peuvent pas être qualifiés de « génocide », car on ne peut pas prouver qu’il y ait eu, de la part du pouvoir, l’intention d’exterminer les Vendéens en tant que peuple. Une utilisation outrancière du terme « génocide » pour désigner n’importe quel crime de guerre conduirait à une banalisation de ce terme, et reviendrait finalement à le vider de sa signification.

Accuser la France de « déni de mémoire » est injuste. La France a su regarder son passé en face, elle a su reconnaître ses crimes. Elle a reconnu les crimes nombreux commis pendant la Terreur. La France a aussi reconnu les crimes coloniaux et l’esclavage. Elle a reconnu la participation de l’administration et de la police françaises à la déportation et au génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a reconnu la pratique de la torture pendant la Guerre d’Algérie. Mais la France n’a pas à reconnaître un génocide qui n’a pas existé.

Il ne faut pas confondre histoire et mémoire. L’histoire est une science, qui cherche à établir des faits à partir de sources. La mémoire est le souvenir qu’une communauté  entretient de son propre passé. Comme l’explique l’historien Pierre Nora, la mémoire est chargée d’émotions, elle est « affective et magique », elle « se nourrit de souvenirs flous, globaux ou flottants », elle occulte certains éléments et valorise uniquement (en les exagérant) les détails qui permettent de donner corps à une identité collective.

La mémoire vendéenne s’est construite, au fil du temps, sur une vision partiale et déformée des événements. La tradition vendéenne a tendance, par exemple, à occulter les crimes commis par les insurgés vendéens eux-mêmes. Pourtant, des actes barbares ont été perpétrés par les Vendéens, à l’image des massacres de Machecoul en mars 1793. De plus, certains épisodes de la guerre de Vendée ne sont connus que par le biais de la tradition vendéenne, sans qu’aucune source fiable ne permette de les vérifier. C’est le cas du fameux massacre des Lucs-sur-Boulogne: selon la tradition, les troupes républicaines auraient sauvagement massacré 564 Vendéens en février 1794. Or, cette version simpliste est contestée par de nombreux historiens. D’après Jean-Clément Martin, le chiffre total de 564 morts ne serait pas le bilan d’un seul massacre, mais le bilan de plusieurs affrontements violents survenus dans la commune des Lucs-sur-Boulogne et ses environs, sur une période de plusieurs années allant du début de la Révolution à la fin de la guerre de Vendée. La mémoire vendéenne a donc probablement déformé les faits, de façon à faire croire que les 564 victimes avaient été tuées le même jour par des républicains déchaînés. La mémoire vendéenne de la Révolution n’est qu’une mémoire (parmi d’autres) de cette période complexe: elle ne doit pas être imposée à tous, par le législateur, comme la « version officielle ».

Le combat pour la reconnaissance du génocide vendéen n’est pas un combat d’historiens, et n’a aucun enjeu scientifique: c’est un combat idéologique et mémoriel. Qui sont les acteurs de ce combat? Le Nantais Reynald Secher est toujours aux avant-postes de la lutte, et multiplie les conférences, les vidéos et les publications. Cette figure médiatique sert de caution intellectuelle à toutes sortes d’associations, de groupuscules politiques et de sites Internet d’extrême droite, catholiques et royalistes, qui ont encore des comptes à régler avec la République: citons, par exemple, « Civitas », « France Catholique » ou encore le forum légitimiste « Royaume de France ». On trouve aussi toute une nébuleuse de petites organisations régionales vendéennes et bretonnes faisant l’apologie de la chouannerie et de l’insurrection vendéenne. Le seul parti politique qui ait ouvertement pris position pour la reconnaissance du génocide vendéen est le MPF (Mouvement pour la France), parti fondé par le très vendéen Philippe de Villiers. Citons aussi quelques leaders du Front National, dont Bruno Gollnisch et Marion Maréchal-Le Pen. L’UMP n’a pas pris officiellement position sur la question, mais quelques députés UMP se sont déclarés favorables à la reconnaissance d’un génocide vendéen, notamment le très conservateur député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca (qui a déposé en janvier 2013 une proposition de loi dans ce sens) et le député du Maine-et-Loire Hervé de Charette, descendant du célèbre Chevalier de Charette, héros de l’Armée Catholique et Royale fusillé à Nantes en 1796… La plupart de ceux qui réclament la reconnaissance d’un génocide vendéen sont donc animés soit par des raisons idéologiques (mouvements royalistes et réactionnaires) soit par des raisons identitaires (associations vendéennes, militants et hommes politiques vendéens, descendants d’anciens insurgés vendéens), soit par la volonté de faire un « coup médiatique »: le député Lionnel Luca est connu pour ses coups d’éclat et pour son sens de la provocation; quant à Marion Maréchal Le Pen, son ralliement récent à l’idée d’une loi reconnaissant le génocide vendéen lui permet de s’inscrire dans la tradition révisionniste de la famille Le Pen (Jean-Marie minimisait le génocide des juifs, « point de détail » de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale; Marion, elle, plaide maintenant pour la reconnaissance d’un génocide vendéen imaginaire).

La loi n’est pas là pour écrire l’histoire à la place des historiens: voter une loi reconnaissant le « génocide vendéen » serait une pure aberration, car une loi n’a pas à reconnaître un génocide que les historiens eux-mêmes contestent. Pire: une loi reconnaissant le « génocide vendéen » entraînerait, de facto, l’interdiction de contester ce prétendu génocide. Les historiens n’auraient alors plus le droit de remettre en question la thèse du « génocide vendéen », même avec des arguments scientifiques. La loi n’a pas à dicter aux historiens ce qu’ils doivent dire ou ne pas dire: les historiens savent très bien comment faire leur travail. L’histoire ne doit plus être « prise en otage » par des individus qui veulent imposer à tous leur vision du passé.

Bibliographie indicative:

– Pierre NORA, Les lieux de mémoire, 3 t., Gallimard, 1984-1992.

– Jean-Clément MARTIN, La Révolution française, Le Seuil, 1996.

– Jean-Clément MARTIN, La Vendée et la Révolution, Perrin, 2007.

– Reynald SECHER, Vendée. Du génocide au mémoricide, Le Cerf, 2011.

 « La Vendée. Enquête sur les crimes de la Révolution », L’Histoire n° 377, juin 2012, p. 42-61.

Faut-il une loi pour interdire les licenciements boursiers?

Jean-Luc Mélenchon, les communistes et l’aile gauche du Parti Socialiste réclament depuis longtemps une loi pour interdire les « licenciements boursiers », c’est-à-dire les licenciements qui n’obéissent à aucun motif économique, et dont le but est uniquement de faire monter le cours de l’action d’une société. En février 2012, le Sénat (pourtant à gauche) a rejeté une proposition de loi déposée par les sénateurs communistes, qui visait à interdire les licenciements boursiers. François Hollande, plus prudent, avait plaidé en 2012 pour une simple taxation des licenciements boursiers, privilégiant ainsi la dissuasion plutôt que l’interdiction. Mais la « gauche de la gauche » n’en démord pas:  galvanisée par de récentes affaires comme le scandale Sanofi, elle continue de réclamer à cor et à cri une interdiction pure et simple des licenciements boursiers.

Interdire les licenciements boursiers par une loi est une fausse bonne idée. Premièrement, une telle loi serait absurde dans son principe même. La notion de « licenciement boursier » est très floue. Il ne s’agit pas d’une notion empruntée aux sciences économiques, ni d’une notion juridique, mais d’une expression qui a été forgée par l’extrême gauche et qui a fini par passer dans le langage politique courant. De fait, il n’existe aucune définition juridique du « licenciement boursier ». Comment définir cette notion avec précision? Selon quels critères? Comment déterminer si un licenciement obéit à des raisons purement spéculatives ou s’il est motivé par la situation économique de l’entreprise? La proposition de loi présentée au Sénat en 2012 considérait comme un « licenciement boursier » tout licenciement qui était décidé alors que l’entreprise avait versé des dividendes à ses actionnaires l’année précédente, mais ce critère est contestable car la stratégie des entreprises est fondée sur l’anticipation, et non sur les résultats de l’année précédente: il arrive qu’une entreprise ait de bons résultats une année, et que son chiffre d’affaires se dégrade les années suivantes à cause de l’évolution du marché (baisse de la consommation, arrivée de nouveaux concurrents, etc.).

Mais surtout, une telle loi serait inutile, et ne constituerait certainement pas un outil efficace pour lutter contre les suppressions d’emplois. En effet, les destructions d’emplois sur le territoire français sont, le plus souvent, dues à des faillites ou à des restructurations d’entreprises en difficulté. D’ailleurs, la plupart des licenciements concernent des entreprises qui ne sont même pas cotées en bourse. En 20 ans, la France a  perdu plus d’1 million d’emplois industriels: il faudrait être naïf pour penser que ces pertes d’emplois sont dues à des licenciements boursiers. De plus, le droit du travail français interdit déjà les licenciements abusifs: d’après le Code du Travail, un licenciement économique doit être justifié par des difficultés économiques, des mutations technologiques ou des restructurations nécessaires au maintien de la compétitivité de l’entreprise: tout licenciement collectif n’obéissant pas à l’un de ces motifs est par conséquent illicite. Avant de faire voter une nouvelle loi, il faudrait donc s’assurer que les lois existantes soient appliquées.

Neuf mois après l’élection de François Hollande, aucune loi n’a été votée, ni pour interdire les licenciements boursiers, ni même pour les taxer. Et pour cause: l’exécutif a pris conscience des difficultés qu’impliquerait la mise en oeuvre de telles lois. L’interdiction des licenciements boursiers est une revendication démagogique, qui occulte le véritable enjeu: celui de la compétitivité de la France dans une économie mondialisée.